Le fabricant taïwanais Foxconn, principal sous-traitant d’Apple, souhaite investir 12 milliards dans le pays. En Chine, il est confronté à un mouvement de protestation, après une vague de suicides dans ses usines.

La signature au dos de l’iPad – «Conçu par Apple en Californie. Assemblé en Chine» – pourrait un jour changer. Depuis trois mois, le Brésil négocie pour accueillir des usines de l’entreprise taiwanaise Foxconn, un des principaux sous-traitants d’Apple, chargé notamment de l’assemblage de la tablette tactile d’Apple et de l’iPhone. «Ils sont venus nous voir en nous disant qu’ils souhaitaient investir dans notre pays», a précisé la présidente brésilienne Dilma Rousseff, lors d’un voyage officiel à Pékin.

Foxconn serait prêt à dépenser quelque 12 milliards de dollars (8,2 milliards d’euros) au Brésil sur cinq à six ans pour s’implanter en Amérique du Sud. Mais il exigerait des contreparties. Les discussions porteraient sur l’emplacement des usines, la logistique, les facilités de financement et les exemptions de taxe, détaille l’agence Reuters. Ces négociations «sont loin d’être achevées, mais je suis confiant», a déclaré Aloizio Mercadante, ministre brésilien en charge de la Science et de la Technologie. La fabrication de l’iPad pourrait débuter dès novembre.

Une vague de suicides dans les usines chinoises

L’implantation de Foxconn au Brésil serait un symbole fort. Le groupe taïwanais est le premier employeur privé de Chine, avec un million de salariés, dont la moitié dans la ville-usine de Shenzhen. Sous-traitant des plus grands groupes d’informatique et d’électronique mondiaux dont Apple, Dell, Nokia et Nintendo, il a longtemps figuré comme exemple de la réussite économique du pays. Mais une vague de treize suicides dans ses usines a levé le voile l’an dernier sur les conditions de travail parfois exécrables et mis ses partenaires dans l’embarras.

Une enquête accablante d’universitaires portant sur 1736 ouvriers de Foxconn répartis sur neuf villes a ainsi montré que les employés effectuaient en moyenne 83,2 heures supplémentaires par mois, plus du double du maximum autorisé par la loi chinoise. Le rapport indépendant a aussi souligné l’insuffisance des contrôles sanitaires pour les ouvriers exposés à des substances nocives et a décelé des cas de falsification de certificats médicaux.
Un exercice 2010 déficitaire

Tout en mettant ces suicides sur le compte de problèmes personnels de ses salariés, la direction de Foxconn a entrepris de calmer ce mouvement de protestation en promettant l’an dernier une augmentation de 70% du salaire mensuel et l’embauche de 400.000 ouvriers supplémentaires en Chine. La mise en place de ces mesures a contribué à plomber les comptes de l’entreprise, qui a bouclé son exercice 2010 sur une perte nette de 218 millions de dollars, contre un bénéfice de 38 millions en 2009.

Pour se reprendre, l’entreprise avait annoncé fin mars son intention de réduire davantage ses coûts et de poursuivre les «relocalisations». Elle souhaite transférer de 200.000 salariés dans les provinces du centre de Chine, où la main-d’œuvre est moins chère. Foxconn envisage aussi de s’approcher de nouveaux clients. L’implantation au Brésil pourrait ainsi permettre «réaliser d’importantes économies grâce aux accords de libre-échange avec les États-Unis», explique une analyste à Reuters. Mais l’expansion brésilienne ne conduirait cependant pas forcément à un désengagement de Chine, puisque la plupart des fournisseurs resteront localisés en Asie, prévient cette analyste.

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